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Dans la longue et glorieuse histoire automobile, les belles voitures se comptent par centaines, mais seules quelques-unes d’entre elles méritent vraiment le titre de « légende ». La BMW M1 est incontestablement l’une de ses voitures ! Conçue spécialement pour enflammer les circuits de course automobile, cette super-sportive fut également le premier modèle de la nouvelle division Motorsport. Certains la qualifient de voiture mythique tandis que d’autres parlent d’un échec commercial. Entre les deux opinions, une chose est certaine : la BMW M1 est une voiture unique.
1972 : les débuts de l’ère Motorsport
1972 représente une date clé dans l’histoire de la M1. En effet, l’idée de construire une supercar BMW ne date pas de 1978 (date du lancement officiel ), mais remonte bien aux débuts des années 70. A cette époque, les compétitions automobiles étaient en plein essor, et il fallait bien se démarquer de la concurrence. Le projet de la M1 représente l’aboutissement de cette nouvelle vision stratégique de BMW. En effet, la M1, première et unique supercar de BMW, retrouve ses origines dans le Coupé biplace « BMW Turbo » présenté au Salon de Genève en 1972. Il s’agit du premier concept-car de toute l’histoire du constructeur allemand. La BMW Turbo fut réalisée conjointement avec Lamborghini (qui a notamment conçu le châssis) en un temps record de seulement 6 mois.
Son design aérodynamique et futuriste à l’époque, avec ses portes « papillon », est l’œuvre du styliste français Paul Bracq. 1972, c’est également l’année de fondation de Motorsport, la branche sportive de BMW. Et ce n’est que l’ancien pilote allemand Jochen Neerspach, converti en manager, qui va s’occuper de son développement. Pas moins de 50 ingénieurs travaillaient dans les nouveaux ateliers ultramodernes de Motorsport pour concevoir de nouveaux moteurs destinés principalement aux voitures de course. Au fil des années, Motorsport va gagner en maturité. Elle va passer d’une simple unité de développement de moteurs de course à une filiale à part entière chargée de la conception de l’ensemble des voitures sportives de la marque allemande. Malheureusement, à cause de la crise pétrolière des années 70, le projet BMW Turbo de Paul Bracq est resté en phase de prototype jusqu’à l’année 1977, l’année de naissance de la mythique M1.
1978 : naissance difficile de la M1, première sportive signé Motorsport
Jochen Neerspach pourrait être fier du travail de son équipe. En effet, Motorsport a brillamment réalisé sa mission principale de concevoir des moteurs performants pour les voitures de courses BMW . Ainsi, la mythique 3.0 CSL (E9) a dominé les compétitions de voitures de tourisme et se distinguait alors comme championne de sa catégorie. Et pourtant, Jochen Neerspach voyait plus grand et avait à la tête un autre objectif plus intéressant. Il voulait écraser toutes les autres équipes de la F2 et passer à la plus prestigieuse des compétitions de course : la Formule 1 ! Pour ce faire, il devait donc consolider les performances techniques et préparer une bonne équipe capable de gagner en F1.
Les membres du conseil d’administration de BMW ou « Vorstand », qui sont en majorité des financiers ne partageaient pas la même vision avec l’ancien champion de course automobile. En effet, ces hommes ne voyaient aucun intérêt commercial pour investir en Formule 1. Ils voulaient rester sur les compétitions des voitures de tourisme notamment sur le groupe 4 (voitures de grand tourisme spéciales). Ces hommes de bureaux estimaient que rester sur ces compétitions de « voitures de production homologuées » était plus rentable au niveau marketing car il devrait contribuer à promouvoir directement de vrais modèles destinés pour la vente.
D’une manière ou d’une autre, cette résistance au projet de Formule 1 allait contribuer à faire sortir le projet de la « Turbo » oublié dans les tiroirs. Cette fois-ci, les membres du « Vorstand » voyaient l’intérêt économique de développer une supercar et ont donné feu vert alors à Jochen Neerspach pour le projet M1. L’idée principale était de construire une voiture super-sportive qui pourrait dominer les courses automobiles dans le groupe 4. L’ancien champion avait une responsabilité totale sur le projet du code E26, et devait superviser l’ensemble du processus de la construction.
Comme il s’agissait d’une nouvelle gamme de voitures que BMW n’était pas habituée à produire, il fallait s’entourer des experts en la matière. Et qui de mieux que des italiens pour accompagner Jochen Neerspach et ses équipes dans ce projet ? Ce sont les spécialistes des sportives exotiques et ont accumulé une grande expérience dans un segment toujours prisé par les allemands. D’ailleurs, le fabricant Italien Lamborghini avait déjà son empreinte sur le concept-car de Paul Bracq pour lequel il a développé le châssis. Ce qui l’a placé en bonne position pour accompagner Motorsport dans la concrétisation du prototype « Turbo ». Le projet de la M1 a été initialement lancé en joint-venture entre les deux constructeurs avant que Lamborghini ne se retire suite à des problèmes financiers. Quant au design, il a été confié à l’homme qui sera nommé en 1999 « Car Designer of the Century » : l’imminent designer italien Giorgetto Giuliano.
Coup de théâtre pour Jochen Neerspach, la FIA (fédération internationale de l’automobile) a dû changer le règlement pour les compétitions des groupes 4 et 5, champs de bataille prévus pour la M1. Pour être admissible dans cette catégorie, BMW devait produire et vendre au minimum 400 exemplaires avant d’être homologuée pour la course. Pour une entreprise de production de masse habituée à construire des voitures de tourismes, il est évident que monter 400 supercar à la main en un temps si court était un vrai défi à relever. Et comme un malheur ne vient jamais seul, Lamborghini -qui avait l’expérience dans ce genre de construction automobile- était au bord de la faillite, ce qui a compliqué davantage l’avancement du projet. Jochen Neerspach a dû finalement se tourner vers le carrossier allemand « Baur » pour réaliser le montage. Les membres de la famille Motorsport ont tous été solidaires, et ont défié toutes les contraintes techniques et logistiques pour réussir le nouveau projet.
Il a fallu tout de même attendre jusqu’en 1981 pour que la M1 soit homologuée pour les compétitions des voitures de sport. Pendant ce temps, BMW a sorti les grands moyens pour convaincre la FIA d’organiser une compétition exclusive pour les M1. Un coup très réussi du constructeur munichois, puisque la nouvelle compétition a été maintenue dans le calendrier de la FIA. Le nouveau championnat BMW M1 ProCar devait se dérouler en marge des compétitions de la F1. Même s’il n’a comporté que deux éditions (1979 et 1980), le ProCar a connu la participation de grands noms comme l’autrichien Niki Lauda ou le brésilien Nelson Piquet. En 1981, et après une seule participation au compétitions du groupe 5 de la FIA, la M1 a été abandonnée. En effet, les « financiers » à Munich ont jugé que la supercar était déficitaire et qu’il fallait arrêter sa production. Un coup dur également pour Motorsport qui devait se serrer la ceinture car le « Vorstand » a considérablement réduit son budget. Quant à Jochen Neerspach, le « père » de la M1, il a quitté Motorsport pour réaliser son rêve de formule 1 chez Talbot. Une fin triste pour un projet trop ambitieux !
Technologie de la BMW M1
Pour que la M1 soit capable de passer de 0 à 100 km/h en 5.6 s et d’atteindre une vitesse de pointe de 272 Km/h, il fallait bien l’équiper du nec plus ultra des moteurs de l’époque. Au départ, les ingénieurs de Motorsport voulaient développer un 10 cylindres, mais vu que le délai accordé au lancement de la M1 ne permettait pas de réaliser un tel objectif, ils se sont contenté d’un 6 cylindres en ligne. Ce « 3.5 L à 24 soupapes » du code M88 reprend la même architecture du moteur monté sur la 635CSi. Il était destiné pour animer la version commercialisée et développe 277 ch à 6500 tr/min. Les 2 versions de courses (groupe 4 et groupe 5) ont été respectivement équipées de variantes plus puissantes : le M88/1 et le M88/2 turbocompressé. Deux moteurs extrêmement puissants qui frôlent le régime de 10000 tr/min. Pour des raisons d’optimisation des charges, le moteur a été placé en position longitudinale-centrale. Le couple est transmis aux roues via une chaine cinématique qui comprend une nouvelle boite ZF et un embrayage bi-disque. Par ailleurs, Motorsport a retenu la même conception de châssis réalisée par Lamborghini qui consistait en un cadre tubulaire d’acier construit en Italie.
Conclusion
Première supercar BMW, première voiture à porter le sigle exclusif de Motorsport, et première voiture M à ne pas être dérivé d’un modèle BMW de série… La M1 est tout simplement un modèle précurseur ! Certainement, la sortie de Lamborghini de la joint-venture était un coup dur pour le développement du projet. Motorsport était obligée de repenser tout le processus de fabrication surtout au niveau de la logistique. Les composants devaient traverser plusieurs pays européens avant d’être livrés au carrossier Baur pour l’assemblage à Stuttgart. Cela signifie que les couts de production étaient revus à la hausse. De ce fait, la M1 était moins compétitive que les modèles Ferrari 512 BB ou Porsche 911 Turbo. Finalement, 453 exemplaires de la M1 ont été construits entre 1978 et 1981. En 2008, BMW a rendu hommage à son unique supercar en présentant son concept-car « BMW M1 Hommage ». Aujourd’hui, pour les collectionneurs avisés, une M1 vaut bien son pesant d’or !
Dernière modification par BMW-Tech (16-03-2017 11:11:01)
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Merci pour ce biopic d'une voiture mythique et intemporelle.
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